Aujourd’hui, nous appelons « épicuriens », toutes les personnes qui cherchent en permanence, dans leur vie, les plaisirs des sens et du corps : plaisirs debien manger, de bien boire, de s’amuser… Leur philosophie de vie se résume souvent à la fameuse formule Carpe Diem, que l’on peut traduire par
« profite pleinement de l’instant présent ».
En fait, c’est une erreur ! Ce n’est pas la philosophie d’Épicure, philosophe grec à l’origine de l’épicurisme, qui prône cette façon de voir la vie. C’est la philosophie hédoniste, une philosophie grecque attribuée à Aristippe de Cyrène, qui a vécu au cinquième siècle avant Jésus-Christ.
Pour l’hédonisme, il n’est nul besoin, dans sa vie, de s’intéresser, par exemple, aux sciences ou aux réflexions intellectuelles, dans la mesure où le but ultime de l’existence consiste à construire une vie tout entière vouée au plaisir du corps et des sens et à l’évitement du déplaisir.
L’épicurisme, quant à lui, est bien moins centré sur la recherche effrénée du plaisir immédiat. En effet, Épicure précisait qu’il convient d’éviter un plaisir s’il risque de provoquer, plus tard, des problèmes, par exemple dans le cadre de sa santé. Il ne faut donc pas être prisonnier de nos désirs. Mais comment faire ? En apprenant à bien distinguer nos différents types de désir et avoir avec eux des comportements différents.
Pour Épicure, il faut évidemment satisfaire les désirs naturels et nécessaires à notre survie, comme manger et boire. Il explique qu’il ne faut pas bien sûr, se priver de plaisirs raisonnables, en recherchant des moments agréables basés sur ces mêmes désirs, mais surtout sans excès : cela serait préjudiciable pour le corps et l’esprit à long terme. Dans l’épicurisme, l’abus de plaisirs est donc mauvais pour le bonheur !
En outre, il convient de fuir les désirs non naturels et non nécessaires, ses désirs artificiels tels que la gloire, la volonté de dominer ou d’être riche. Il y a donc une partie plus spirituelle et sociale dans l’épicurisme. En effet, le bonheur réside aussi dans les moments où l’on échange, discute, philosophe avec des amis. Bref, être heureux pour l’épicurisme ne consiste pas à chercher à tout prix le plaisir immédiat, mais à se centrer sur l’essentiel de la vie, sans excès, à cultiver l’amitié, la sérénité et une certaine sobriété. Joli programme pour ceux qui cherchent à un peu profiter de la vie, tout en protégeant leur santé et l’environnement !
Question pratique : alors, au final, de quelle philosophie vous sentez-vous le plus proche : l’épicurisme ou l’hédonisme ?
Sources : Philippe Touchet (dir.) Le bonheur, éditions Lambert -Lucas, 2021.